vendredi 29 janvier 2010

Vert pomme

Le vert-pomme aura marqué le début des années 2000 tant il est utilisé à toutes les sauces (architecturales), ce qui n'est pas du goût de tout le monde. Ainsi, une adjointe au maire de Tourcoing a-t-elle déclaré, au cours d'une conférence sur l'avenir de sa ville, en avoir "marre du vert-pomme" (sic).
Goûtons à différents assaisonnements réalisés par nos chefs français. Attention à ne pas friser l'indigestion...

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Cité de la mode et du design, Paris 13

Jakob & Macfarlane habillent la structure béton des anciens entrepôts des Magasins généraux d'un serpent vert qui court sur les deux façades principales, l'une sur la Seine, l'autre le long du quai d'Austerlitz.



Résidence Éclats de Vert, Bois Habité (Lot 3B), Euralille 2

Architectes : Escudié-Fermaut




Bâtiment Lavoisier (UFR de Chime, Paris VII Diderot)

Architectes : X-TU
Comme le laisse subtilement deviner un aperçu en façade, l'intérieur du bâtiment est assez...coloré. La suite par ici pour en (sa)voir plus.




Ilot 2, ZAC des Tilleuls, Saint Herblain

Architecte : Dominique Dubois





Immeuble "Polychrome", Bois Habité, Euralille 2

Architectes : X-TU


lundi 25 janvier 2010

Bois, bois

On voit apparaître de plus en plus de projets incorporant d'une manière ou d'une autre du bois (par l'intermédiaire de persiennes ou de brise-soleil notamment). Plus rares sont ceux qui l'utilisent en parement de façade complet. En voici deux exemples.


Théâtre de Cornouaille, Quimper (Labfac : Finn Geipel & Nicolas Michelin)

Construit sur le site d'une ancienne caserne, le nouveau théâtre de Cornouaille a permis de créer, de part son emplacement et son gabarit, une nouvelle place. Il côtoie de nombreux autres édifices culturels (la médiathèque des Ursulines, une école et un centre d'arts notamment) ; cette nouvelle place s'appelle ainsi la place des Arts.
Sur le plan architectural, un noyau de béton (25m de large, 45m de long, 20m de hauteur) accueille la salle principale, la salle de répétition et la cage de scène. Il est enveloppé d'une structure moins haute, recouverte de panneaux d'ipé, où on trouve les bureaux, les loges, l'accueil du public, les foyers et les circulations.








Immeuble de logements, Nantes (glv architectes)

Cette réalisation se distingue par un revêtement en bois de châtaignier.


jeudi 21 janvier 2010

Le tram-train Nantes-Châteaubriant


Résumé de l'article :
« Le tram-train Nantes-Châteaubriant : quelles perspectives ? »
Olivier BOUHET, Cahiers nantais, 2009
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Dans son propos introductif, l'auteur nous rappelle que cette ligne constitue une réouverture (après trente ans d'inactivité) qui se déroulera en deux temps :

- une première phase Nantes/Nort-sur-Erdre (2011, 29 km)

- une seconde phase Nort-sur-Erdre/Châteaubriant (2013, 35 km).

Il note également que en dépit du matériel, cette ligne ne sera pas un « tram-train complet » puisque « l'interconnexion physique des réseaux tramways et trains ne sera pas réalisée », que ce soit en 2011 ou en 2013 (service annoncé mais pas programmé). Il estime donc que le « service proposé s'apparentera à celui d'un RER ou TER ».



L'article nous présente dans une première partie le « contexte de la réalisation d'un tram-train : la péri-urbanisation ». Il commence par étudier le phénomène de périurbanisation à Nantes. Les communes desservies par la future ligne sont ainsi regroupées en quatre groupes selon leur évolution démographique et économique (d'un dynamisme ancien fort à un recul) ; les pratiques de mobilité rencontrées dans ces territoires sont elles aussi analysées.

Il poursuit en présentant le principe du tram-train où il insiste sur le fait qu' « un réseau de tram-train est optimal avec l'interconnexion des réseaux, l'acquisition d'un matériel roulant adéquat ne constitue pas une solution suffisante ».



La deuxième partie développe le thème des « réseaux ferrés connectés/interconnectés ». L'auteur explique que le futur tram-train – jusqu'à la mise en place de l'interconnexion – fonctionnera comme les trains TER, c'est-à-dire sur un réseau connecté (avec rupture de charge).

Afin d'illustrer le principe de l'interconnexion, Olivier Bouhet s'appuie sur l'exemple du tram-train de Karlsruhe, où « la circulation effective depuis 1992 nous enseigne que les obstacles techniques, institutionnels voire politiques ne sont pas insurmontables » puisqu'en 2009 le réseau régional comptait « plus de 300 km de lignes ». L'absence de rupture de charge permet de capter les voyageurs dès l'origine de leur déplacement grâce à « un rabattement à une station ». De plus, elle conduit à « modifier l'image des transports en commun » en supprimant l'attente, source d'inconfort, d'angoisse et de rallongement du temps de parcours.

La ligne Nantes-Châteaubriant se distinguera quand même des réseaux TER par l'emploi d'un matériel différent, détaillé dans la sous-partie suivante. Le tram-train, du fait de capacités d'accélération supérieures (1,5 m/s contre 0,75 m/s pour un TER et 0,95 m/s pour un tramway) et d'une vitesse de pointe respectable (100 km/h), permet de s'arrêter plus souvent qu'un train classique sans rallonger « exagérément le temps de parcours ». Ainsi, à Karlsruhe, le train mettait 30 minutes pour faire le trajet jusqu'à Bretten avant 1992. Avec la mise en place du tram-train, « la durée du parcours est passée à 32 minutes pour une desserte de 17 stations (hors arrêts tramway dans Karlsruhe) (Bouhet, 2006) ».

L'article détaille la localisation des arrêts et le choix de l'autorité organisatrice. Il recommande sur ce dernier point « la création d'une zone intégrant Châteaubriant dans le cadre de Métrocéane », qui permet d'obtenir un titre de transport multimodal (voir notamment ce site) et qui constitue une « tarification unique en France » au regard du nombre de modes de transport et de l'étendue du territoire concernés.


La troisième et dernière partie traite du financement du projet. Le coût de l'opération est estimé à 143,8 M € HT (selon le dossier de l'enquête publique), dont 43,3 M € apportés par la Région (auxquels s'ajoutent 7x4,5 M€ pour l'achat des rames). Cela représente donc 2,2 M€/km. Concernant les coûts de fonctionnement, l'auteur les estime comparables à un tramway urbain.

Il s'appuie ensuite sur certains indicateurs pour réaliser une analyse de la rentabilité économique, observée au regard de deux indicateurs : la Valeur actualisée nette (VAN) et le Taux de rentabilité interne (TRI). Se basant sur le bilan et les indicateurs de rentabilité du projet inscrits dans le dossier de l'enquête publique, il remarque que le TRI est égal à 0,7 % (1,7 % pour la section Nantes/Nort-sur-Erdre), ce qui est « bien loin de la valeur plancher recommandée » *. Cette dernière est le taux d'actualisation ; après avoir longtemps été à 8 %, il a été baissé en 2005 à 4 %. La VAN possède quant à elle une valeur négative.

Il démontre aussi que « le calcul de la VAN est incomplet » et que « les indicateurs de rentabilité qui en découlent sont donc faussés ». Il conclut en notant que « même si les calculs sont biaisés, de tels résultats ne peuvent pas conclure, d'un point de vue économique, dans le sens du projet ». Il faudrait obtenir des « éclaircissements sur les méthodes de calcul utilisées » pou avoir des « avis plus argumentés ».



En conclusion, l'auteur rappelle les nombreux avantages que présentent les réseaux de tram-train. Le projet Nantes-Châteaubriand, bien que doté d'une tarification unifiée, « ne respecte pas tous les critères » en terme d'interconnexion et en terme économique. La « rentabilité économique très faible » du projet rend sa réalisation « discutable ». Sa réussite dépendra de l'évolution démographique des territoires desservis, « mais aussi de l'interconnexion et de l'extension du service à d'autres villes ».


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* Par comparaison, le TRI du Grand contournement ouest de Strasbourg a été estimé à 34 %, avec une période d'actualisation de 50 ans, contre 30 ans pour le tram-train (selon l'auteur)

dimanche 6 décembre 2009

Saint-Jacques-de-la-Lande : Nouvelles formes urbaines


ZAC de la Morinais, le nouveau centre

Le pari est ambitieux : créer un nouveau centre-ville pour cette commune de la première couronne rennaise éclatée en plusieurs pôles. Initié dans les années quatre-vingt-dix par Daniel Delaveau (le maire de l'époque, devenu maire de Rennes et président de Rennes Métropole), le projet urbain est piloté par Jean-Pierre Pranlas-Descours et son agence, associés aux paysagistes Bruel-Delmar.

Le principe général peut se décrire ainsi :
- des îlots mesurant une centaine de mètres de côté (dimension sans doute inspirée par l'Eixample barcelonais) ;
- un noyau central de quatre îlots composé d'immeubles de logement collectif avec des équipements et services (commerces, écoles, etc.) ;
- un mail structurant les liaisons nord/sud (mail Léon Blum) bordé d'immeubles de logement collectif (en R+3 généralement) ;
- à l'ouest de ce mail, des îlots variant les typologies et formes de logement (collectif, intermédiaire, individuel groupé) permettant d'assurer une transition d'échelle entre les constructions hautes et la campagne environnante ;
- à l'est de ce mail et au sud du noyau central, des îlots accueillant logements ou équipements.

Carte récapitulative des projets les plus récents (qui sera complétée plus tard avec les réalisations plus anciennes).

La partie la plus intéressante de la ZAC se situe à l'ouest du mail Léon Blum. Les îlots réalisés par les agences Harari, Devillers et Barani (associée à Tarabusi) sont particulièrement remarquables. Le projet de l'agence Séraji s'inscrit dans la même veine : il semble tout aussi prometteur. Le collège (Patricia Leboucq) constitue également une belle réussite.







Plan-masse de l'îlot réalisé par l'atelier Harari
(Source : Harari arch
itectes, retravaillé ensuite).


Par contre, les îlots coordonnés par Claus en Kaan (avec fres), Barto & Barto et Garo & Boixel apparaissent comme très massifs et plus banals. Les finitions du dernier cité n'arrangent pas les ch
oses.


Pour plus d'informations, voir ce PDF assez complet.

dimanche 22 novembre 2009

É-c-o-q-u-a-r-t-i-e-r-s---t-r-o-n-ç-o-n-n-é-s

Deux articles intéressants et deux citations éclairantes faisant écho au récent Palmarès de l'appel à projets ÉcoQuartier 2009, saucissonné en diverses catégories pour contenter un maximum de participants :

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Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, Le Moniteur, 10/11/2009
"Tronçonner l'appel à projets par thèmes et surtout identifier des lauréats pour chacun des thèmes (comme ceci a été fait également récemment par l'ANRU) revient à nier le caractère transversal de toute démarche de développement durable, a fortiori quand ces thèmes appartiennent quasi exclusivement au pilier environnemental."


-
Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, Le Moniteur, 24/11/2009
"Le risque est que tout nouveau projet d'aménagement soit baptisé écoquartier."

samedi 14 novembre 2009

Royan, LA ville des années cinquante

Royan, 18 202 habitants (en 2006), largement détruite pendant la deuxième guerre mondiale, est souvent désignée comme la ville la plus représentative du style des années 1950 en France.

En effet, la ville offre un véritable panel des tendances architecturales de l'époque ; sa spécificité réside dans son caractère balnéaire (avec beaucoup de villas) et dans l'influence notable de l'architecture brésilienne sur les architectes ayant participé à sa reconstruction. A ne pas manquer donc si vous passez dans la région, ça vaut vraiment le détour.

Pour plus d'infos sur le Royan des années 1950, voir notamment Wikipédia, et d'autres sites :
http://www.royan.bernezac.com/architecture.htm,
http://boomer-cafe.net/version2/index.php/Architecture-des-annees-50/Royan-l-invention-d-une-ville.html
(et pleins d'autres sites avec vos moteurs de recherche favoris).

Je vous conseille le livre d'Antoine-Marie Préaut (Guide architectural Royan 50, Bonne Anse, 266 pages, Vaux-sur-Mer, 2006) qui recense de très nombreux édifices, du plus célèbre au plus discret.

Voir également cette base de données participative, où j'ai rentré et illustré beaucoup de fiches de bâtiments royannais (en me basant notamment sur le livre d'Antoine-Marie Préaut).


Un petit panel, pour vous donner envie :




lundi 2 novembre 2009

Rouen : à la reconquête des rives de Seine

Lancée à la fin des années quatre-vingt-dix, l'opération Seine-Ouest vise à reconquérir les bords de Seine, notamment dans le secteur situé entre le pont Guillaume le Conquérant et le nouveau pont Gustave Flaubert.


Localisation des emprises des différents secteurs et bâtiments évoqués.


Ce projet s'appuie sur quelques caractéristiques majeures.

Premièrement, plusieurs sous-secteurs opérationnels ont été dégagés : la ZAC Luciline et l'Espace des Marégraphes sur la rive droite ; l'(éco)quartier Flaubert en rive gauche.

Deuxièmement, de grands équipements accompagnent et structurent l'opération. Le pont autoroutier Gustave Flaubert et le centre commercial Docks 76 sont déjà construits ; le palais des Sports et la salle des musiques actuelles (Agglo 106) vont suivre prochainement (ils sont en cours de construction).

Troisièmement, une large place est faite à la réhabilitation et à la réutilisation du patrimoine portuaire. Sur l'espace des Marégraphes, de multiples activités prennent place dans les anciens hangars ; un des marégraphes a par ailleurs été restauré. Le centre commercial Docks 76 s'appuie pour partie sur la réhabilitation de la halle Agrivin (datant du début du XXe siècle) et de l'entrepôt de la Compagnie des Docks (1957). La salle des musiques actuelles va s'installer dans un ancien hangar portuaire, auprès duquel deux grues (dénommées "Grues Picasso") ont été déplacées, comme pour rappeler l'ancienne activité.


Même si le traitement de l'espace public est assez qualitatif sur les parties déjà réaménagées (rive droite), le défi majeur qui reste à accomplir est la liaison entre les différents secteurs et, au-delà, avec le reste de la ville.

Dans cette optique, le traitement encore très routier du quai de Bois-Guilbert (possédant quatre voies de circulation automobile) et de l'échangeur au pied du pont Flaubert ne semblent pas présenter toutes les garanties de réussite.

De plus, la voie ferrée qui longe le quai de Bois-Guilbert, bien que très peu utilisée, constitue un obstacle quasi infranchissable qui isole l'espace des Marégraphes - et donc l'accès à la Seine - du reste de la ville.

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Quelques photos :

- Espace des Marégraphes :

Le hangar A et l'espace des Marégraphes vus depuis le pont Guillaume le Conquérant



Le hangar B avec le marégraphe à droite



Vue du quai au niveau du hangar C



Le hangar E


- Pont Gustave Flaubert :


- Futur Agglo 106 et grues Picasso :